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Fiche pièce
Première Dame (La)



L'AUTEUR
Hessou Florent



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Première Dame (La)
Hessou Florent

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Anseline Nathalie, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA


  Bénin
2004
Editions Ndze
 
Genre
Comédie satirique

Nombre de personnages
2 femmes
2 hommes
Les voix et la radio

Longueur
1 acte
62 pages


Temps et lieux
Nulle part et partout, aujourd'hui et hier

Thèmes


Mots-clés
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Alors que son mari, Lord Conquisto s'apprête à annoncer le changement de ministres, sa femme Eva, la Première Dame, conteste publiquement la politique de son époux. Œuvrant dans l'ombre du pouvoir depuis des années et blessée dans son orgueil, elle veut être présente sur le devant de la scène et agir pour son pays. Elle va alors chercher à discréditer son mari en étalant leur vie privée faite d'adultère, d'humiliation, de jalousie. L'action s'ouvre sur une cérémonie mystique qui a lieu à huis clos dans le palais présidentiel et qui est destinée à protéger Lord Conquisto en mettant son esprit dans une calebasse et en lui confiant la destinée de son peuple. Dimi, domestique d'Eva et maîtresse du président, révèle à ce dernier qu'il est depuis cinq ans sous le joug d'un envoûtement lancé par sa femme. Les mises en garde du sage Kpanlingan n'empêchent pas de faire éclater ce drame politico-sentimental

 
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Parcours dramaturgiques

Une structure binaire
La Première Dame met en relation deux espaces : l'intérieur et l'extérieur. Toute l'action et les réactions populaires sont relayées par les commentaires des ministres et du peuple à la radio. Cela provoque la colère d'Eva qui met en place des jalons de la chute de son mari dans un esprit de vengeance, sans savoir que c'est aussi sa propre chute qu'elle prépare. Elle subira ce que les esprits appellent "un effet boomerang" (p. 10). La rébellion d'Eva est destinée à la faire passer de l'ombre à la lumière en s'accaparant le pouvoir de son mari : "Son pouvoir et mon pouvoir" (p. 17). Sa rivale Dimi œuvre elle aussi pour sortir de l'ombre : "La nuit ne fait plus peur au jour et le jour ne craint plus la nuit" (p. 51).
A la fin de la pièce, la violence et l'insurrection populaire visant la destitution du couple présidentiel, se propagent à l'intérieur du palais par la bagarre de Dimi et d'Eva qui se disputent la calebasse où repose d'esprit du Président.

Tradition et modernité
La pièce s'ouvre sur l'approche d'un changement à venir avec la désacralisation des perles du pays des blancs et avec une cérémonie mystique montrant la valorisation de la tradition par le Président pour le protéger de sa femme Eva. Celle-ci est placée du côté du changement qu'elle souhaite et programme maladroitement car aveuglée par la jalousie, la colère et l'esprit de vengeance. Le sage Kpanlingan incarne la tradition : il est le griot, porteur de mémoire et représentant de la pensée collective. Gardien du passé, il prédit aussi l'avenir : "Le roi épousera l'esclave. Le gourou prendra la doungourou" (p. 24). Sa parole est remise en question par Dimi qui lui demande : "Tu penses que ton discours est nouveau ? Non, il est ancien."

Un théâtre poétique
Florent Eustache Hessou, qui est également chorégraphe, danse et joue avec les mots, les dénature, les détourne de leur usage traditionnel. Il a, comme le dit l'un de ses personnages. "trébuché sur l'assassinat du verbe" (p. 22). Sa pièce se colore d'un humour parfois surréaliste, par exemple quand le président demande : "Qui vais-je nommer secrétaire d'Etat aux mouches ?" (p. 31). Le dramaturge utilise une langue percutante, imagée. Il casse le rythme des phrases et fait suivre de longs discours par des phrases courtes pour montrer l'incompréhension entre les deux époux qui se parlent sans jamais s'adresser la parole. Il passe des échanges politiques et amoureux aux échanges "foulosophiques" entre le sage Kpanlingan et Eva qui réfléchissent au sens de la vie, au rôle de la femme, à "l'harmonie des contraires" (p. 25) dans un "bain de poésie sensuelle" (p. 28). Et l'auteur nous rappelle, à l'extrême fin de la pièce, que "ce n'était que du théâtre… La vie est un théâtre comme le théâtre est une vie" (p. 62).

 
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Pistes de lecture

Le corps comme champ de bataille
Eva est une femme blessée, humiliée qui s'est dévouée entièrement à son mari et qui se morfond car elle pense avoir raté sa vie, s'être sacrifiée. "Le repos du guerrier c'est moi. C'est moi la chair à canon de les libidos inconscientes." (p. 11). Elle se présente comme victime des hommes, parle du "génocide de sa vie" (p. 41) et emploie pour dire sa haine tout un vocabulaire guerrier, sexuel et vulgaire. Est évoqué le commerce du corps avec des mots crus pour dénoncer la vision de la femme-objet, humiliée, soumise aux désirs violents de leurs maris : "Le pouvoir, c'est comme l'amour, on ne peut le pratiquer sans être sauvage et violent" (p. 17). Eva réclame le droit d'être à son tour bourreau et de monter sur le devant de la scène, sous les projecteurs. Elle veut prendre en mains sa vie et changer le cours des choses. La Première Dame devient ainsi la porte parole des femmes humiliées, exploitées et le symbole de l'émancipation féminine : "Je dédie ma révolte à toutes les femmes qui souffrent de ces absurdités" (p. 44). Elle est à la recherche d'une nouvelle identité pour un nouveau pouvoir et désire "faire repousser les limites très loin" (p. 12). Dimi se place au contraire du côté de l'obéissance et de la soumission : " toute grandeur suppose un assujettissement" (p. 19). Face à une société en pleine mutation, la place de la femme est à trouver, à inventer, à imposer.

Le commerce de l'amour
Intelligente, Dimi sait que "l'amour, c'est du théâtre" (p. 35) et que le pouvoir, tout comme l'amour, est instable. Elle se dit "la manutentionnaire d'un amour qu'elle pressent lourd" (p. 32) et sait qu'il faut assurer ses arrières. Même dans la parade amoureuse, elle a conscience de sa place de femme et négocie avec le Président des "garanties" (p. 33). Elle sait que l'homme peut se retrouver "esclave de la femme" (p. 51) et aussi qu'un femme peut en remplacer facilement une autre quand cette dernière ne sait pas rester à sa place ; elle n'a dès lors aucun scrupule à voler le mari de la Première Dame.
Eva conçoit aussi l'amour en termes commerciaux et veut se faire rembourser par le Président les dépenses d'énergie : "C'est dans des camions citernes que tu vas me rembourser toutes les énergies que j'ai investies dans ta personne." (p. 40)

Les allusions bibliques
Eva rappelle bien entendu Eve, la Première Femme, celle qui a succombé à la tentation du pouvoir et du savoir, celle qui provoqua la chute et fut chassée du paradis avec Adam, entraînant un changement radical du monde. Eva déclare que "c'est l'Eternel qui [l]'a élue" et veut établir un nouvel ordre. Dimi est elle aussi soumise à la tentation mais elle évoque la Vierge, seule femme à mériter la reconnaissance universelle : "Le cas Marie restera unique" (p. 20). Les autres femmes ne peuvent selon elle que rester à leur place et traîner leur "boulet". Elle se conforme à l'idée du Président qui replace la femme "méritante" à sa place qui est "le siège du cœur" (p. 62).

 
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De plain-pied dans le texte

EVA : Non, un mari que je ne me suis pas donné, mais auquel je suis offerte, un mari qui s'est livré à l'athlétisme sur mon corps pendant des années. Maintenant que l'architecture s'écroule, il saute vers un corps plus capiteux. Lord Conquisto, tu as boxé ma vie. Rappelle toi tous les uppercuts que tu assenais à mes entrailles, les branchements, les électrocutions. Après toutes ces vies, tu cliques sur mon "rangement" pour m'éteindre calmement. Tu m'as volée, pillée. La maison de mon cœur a été cambriolée dans tous les sens, dans tous les coins et recoins. Lord Conquisto, tu es le mâle où mon âme a mal. (p. 38)

 
 
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Pour poursuivre le voyage


Du texte à la scène
C'est lors d'une résidence d'écriture à la maison des auteurs que Florent Eustache Hessou écrit La Première Dame en 2000. Le texte, publié aux Éditions Ndzé en 2004, n'a pas encore été joué.

Bibliographie
Entretien de Florent Eustache Hessou avec Sylvie Chalaye, "Un dramaturge qui danse avec les mots", Africultures, 15 septembre 2004.
http://www.africultures.com/php/?nav=article&no=3542

 
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Fiche réalisée par Anseline Nathalie, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA

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