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Coup de vieux (Le)
Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Mine Merci, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA
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République du Congo
1988
Présence Africaine
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Genre
Drame
Nombre de personnages
3 hommes
1 fille
Longueur
2 tableaux
5 scenes
77 pages
Temps et lieux
Dans la villa de Dofano, du soir au matin et du matin au soir.
Thèmes
Mots-clés
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Consultation de la fiche par rubriques |
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Un premier repérage :
la fable
Résumé de la pièce
Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité
de la structure et son fonctionnement général par
rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.
Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique
qui permet de dégager une interprétation et les
véritables enjeux de la pièce
De plain-pied dans le texte
Un extrait
Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture
à sa création en passant par les lectures dont elle
a pu faire l'objet
Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce
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Un premier repérage : La fable
Shaba, 33 ans, couvert de diplômes, est recteur d'université. La lutte politique qu'il a menée à l'université pour le changement s'est soldée par une fusillade. Il est recueilli par son oncle Dofano, collectionneur d'objets d'art. Shaba soupçonne ce dernier d'avoir amassé cette richesse en dénonçant les opposants à la dictature. Il sombre dans l'alcool et détruit une à une les Åuvres de son oncle. Dofano accueille chez lui Esperancio, une jeune fille de quinze ans dont les parents universitaires se sont suicidés lors de la crise politique. Désespérée et dans le dénuement, Esperancio décide de vendre son corps. Un soir, un homme au visage de mort, un "porte-la-loi" (expression qui désigne un mauvais policier) arrive dans la villa de Dofano. Il prétend être à la recherche d'Esperancio qui serait mêlée à une vague histoire d'espionnage. Ceci n'est qu'un prétexte pour pénétrer dans la maison et tuer Shaba.
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Parcours dramaturgiques
L'espace-temps
La pièce s'organise autour de deux parties qui structurent le temps et l'espace : "Le hors d'Åuvre" et "Le dîner" comme le prologue et l'épilogue d'un récit. Trois mois s'écoulent entre les deux parties qui suivent l'évolution des personnages de la scène d'exposition à l'assassinat de Shaba. La première partie s'ouvre le soir et se termine le matin tandis que dans la seconde, on passe du matin au soir. De nombreuses indications scéniques rythment le temps musicalement : "un temps" ou "un silence".
L'ensemble de l'intrigue se déroule dans la villa de l'oncle Dofano, en Afrique, "dans un quartier qui n'a ni lumière, ni eau courante" (p. 13). Pendant toute la durée de la pièce, les personnages se trouvent dans le salon rempli de collection d'objets d'art de tous horizons et de toutes époques.
La linéarité temporelle et spatiale est rompue par flash back qui nous transporte dans le passé quand Shaba perd conscience et entend la voix de ses collègues.
Les personnages
Shaba, 33 ans, recteur d'université, est un intellectuel engagé africain. Après la fusillade à l'université, il arrive, désespéré, chez son oncle, et se met à boire. Il se sent tout à coup "vieux". L'alcool le mène aux confins de la folie, du délire. Les crises d'hystérie le conduisent à détruire les Åuvres d'art de la collection de son oncle Defano. "Il lui arrive des crises de philosophie. Alors, il devient visionnaire ou un fou dont l'asile ne veut pas." (p. 27). Précisons que le fou est un personnage récurrent dans le théâtre africain, tantôt par chagrin ou désespoir, tantôt par excès de lucidité et d'intelligence.
Dofano est le plus âgé : il a 56 ans. Ancien universitaire, collectionneur d'objets d'art, il ne se reconnaît pas une âme de révolutionnaire. Il est le symbole du temps passé. Sceptique, de nature plutôt pessimiste, il doute de l'avenir de l'Afrique : "Pauvre Afrique ! Si au moins ses douleurs actuelles pouvaient être les douleurs d'un enfantement." (p. 45).
Esperancio, 15 ans, représente l'espoir de la jeune génération bien que ses parents se soient suicidés lors de la crise politique. Elle voit dans Shaba un grand intellectuel et place en lui ses espoirs mais au fur et à mesure que progresse l'action, elle perd ses illusions et se résigne à vendre son corps.
L'homme au visage de mort, policier venu à la villa pour tuer Shaba, symbolise la mort.
Chacun des personnages représente donc un temps particulier : Shabat le présent, Dofano le passé, Esperancio le futur et l'homme l'arrêt du temps dans la mort.
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Pistes de lecture
Le choix d'une co-écriture : un engagement esthétique
Le coup de vieux est une pièce écrite conjointement par Caya Makhélé et Sony Labou Tansi dans laquelle on retrouve les caractéristiques de l'écriture de chacun.
"Nous avons fait se rencontrer nos écritures, mais sa manière de travailler et la mienne étaient complètement différentes. Sony écrivait très vite, d'un jet. Il n'y avait pas d'existence pour lui en dehors de la littérature. Nous avons écrit Le coup de vieux en deux semaines. Mais j'étais dans le rythme de Sony ! Moi, je n'aurais jamais pu écrire une pièce de théâtre aussi vite. Il y a aussi un vocabulaire qui est propre à Sony, une thématique, un style qui lui sont propres dont on ne peut se faire l'héritier." (Entretien avec Caya Makélé, in Sylvie Chalaye, L'Afrique noire et son théâtre au tournant du XXe siècle, p. 54).
Même si Makélé ne se considère pas comme l'héritier de Tansi, il instaure une rupture avec la tradition, un croc en jambe pour introduire le drame individuel à l'intérieur du drame collectif. Le langage est éruptif, déstructuré, chaotique à travers la violence verbale, les jeux de mots (mouroir, porte-la-loi, coup de vieux), la matière sonore du français. Le démembrement de la langue et de la syntaxe correspond au démembrement du corps physique à travers la mutilation et la torture. L'oralité, source d'inspiration pour Makélé, apparaît dans les figures mythologiques, telle celle de l'Homme au visage de mort. La notion de sacrifice est importante pour cet auteur qui déclare : "Ce qui rejoint en partie ma passion des mythes, c'est l'engagement vers le sacrifice : se donner en holocauste pour faire exister l'être humain." (Entretien avec Sylvie Chalaye, Afrique noire et dramaturgies contemporaines, p. 29). Shaba est prêt à se sacrifier au nom de la démocratie et de la liberté d'expression.
Un engagement politique
Soni Labou Tansi critique l'état pour avoir monopolisé le pouvoir, et les dirigeants qui exploitent la population et terrorisent le peuple. La violence et la tyrannie sont très présentes dans son Åuvre en général tout comme dans Le coup de vieux qui nous fournit des exemples frappants de la violence infligée d'une part par la mère à son enfant qui n'a pas encore vu le jour, et d'autre part par le régime dictatorial à travers la figure du tyran qui fait et défait la carrière des intellectuels selon la volonté du Chef de l'Etat. "Paraît que ma mère s'était injectée du metergin pendant trois mois pour essayer de me foutre à la porte de son abdomen ; et quand je suis venu au monde, elle a essayé de me droguer en mettant de la mescaline dans le biberon. J'ai survécu à toutes ces saloperies par un indicible miracle. (pp. 40-41).
Makélé se méfie de l'engagement qu'il situe davantage au carrefour de la politique et de l'écriture, dans une relation à l'autre qui expliquerait les errements, les turpitudes, qui interrogerait aussi la qualité de la relation à l'autre, la capacité de se dépasser pour bâtir quelque chose. Les personnages sont là pour nous montrer notre propre crasse, notre propre vilenie. Ses personnages sont des êtres errants qui symbolisent l'errance de l'Afrique qui est en quête de la démocratie. Shaba est engagé politiquement et humainement : il est dans une errance politique et en quête de liberté d'expression. Dofano insiste quant à lui sur le caractère éphémère des révolutions : "Ah bon ? Slogan ? Quand là -dedans tout mon être réclame une autre nature, une autre naissance, un autre slogan ? Quand au plus profond de moi quelque chose bande et me dit : mon frère, sois en vie, respire, vibre, fleuris, c'est un slogan ? Quand le cÅur me pèse et que le sang au fond de mes veines s'agite en penche pour me dire à l'oreille : tu n'es pas encore arrivé au monde, tu n'es qu'un avorton coagulé, c'est un slogan ? Quand ici, sur cette terre, chaque jour, chaque nuit, des hommes assassinent et fusillent la paix du corps et celle de l'âme, quand minute après minute des mecs affichent le pognon à chaque graine de matière, ne voient plus qu'avec les yeux du pognon, c'est un slogan ?" (p. 56)
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De plain-pied dans le texte
L'HOMME (à Dofano) : Je crois que c'est le dernier. Cette foutue grève nous a tous éclaboussés.
DOFANO (il crie) : Fous-moi la paix.
L'HOMME : Ils auraient fusillé l'Université. Tu le sais très bien.
(Un temps.)
Apportez leur le corps, ils attendent.
On voit deux grosses larmes dévaler les joues osseuses de Dofano.
(p.76)
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Pour poursuivre le voyage
Bibliographie
Cabakulu Mwamba, Introduction à l'Åuvre de Sony Labou Tansi, Collection interdisciplines, Series 1, Saint Louis du Sénégal, 1995.
Chalaye Sylvie, Afrique noire et dramaturgies contemporaine : Syndrome Frankenstein, Paris, Ãditions Théâtrales, 2004.
Chalaye Sylvie, Nouvelles dramaturgies d'Afrique noire francophone, Presses Universitaires de Rennes, 2004.
Thomas Dominic, "Le silence et la violence chez Sony Tabou Tansi", in D. Mwisha Rwanika (éd.) Francophonie littéraire africaine en procès, Paris, L'Harmattan, 2010.
Rogo-Koffi Fiangor, Le théâtre africain francophone, Paris, L'Harmattan, 2002. |
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Fiche réalisée par Mine Merci, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA
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