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Fiche pièce
Soupir des falaises (Le)



L'AUTEUR
Sangaré Tiécoro



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Soupir des falaises (Le)
Sangaré Tiécoro

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Léna Paugam, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA


  Mali
2005
Éditions Ndzé
 
Genre
Drame

Nombre de personnages
1 femme
5 hommes


Longueur
89 pages


Temps et lieux
Un paysage accidenté près du Plateau central des Kambéré. De nos jours.

Thèmes


Mots-clés
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Sur les falaises de Bandiagara erre le Solitaire, banni de son village, exclu dès l'enfance et victime d'insoutenables injures dont lui ne connaît pas la cause. Il est né d'une union interdite entre une Bogon et un Dozo qui ont osé rompre le serment fait à Do, le dieu protecteur de leur village. "Point de mariage ni de combat entre Dozo et Bogon. Entre eux, le sang ne peut ni se mêler si se verser, telle est la voix des ancêtres, telle est la volonté de Do." Ils ont ainsi ravivé la haine raciale et la guerre. Le Faugon, prêtre de Do, est venu trouver le Solitaire. Des rumeurs se sont propagées dans le village, et se dessine sur toutes les lèvres l'espoir d'un règne nouveau. Le bruit court que le Solitaire est l'élu que Do a choisi. Il doit revenir au village, destituer le chef et devenir Faugon à son tour. Mais comment quitter la solitude tranquille des figuiers pour accepter le joug de la souveraineté populaire ? Pourquoi devenir le guide d'un peuple capricieux au nom d'une religion qui a pratiqué l'exclusion et le bannissement ? Cette pièce raconte comment un inconnu devient prophète et comment, par amour pour sa mère, un jeune homme sans passé finit par accepter le destin qui lui est imposé.

 
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Parcours dramaturgiques

Un drame d'apprentissage
Cette pièce se présente comme un récit d'apprentissage en suivant le parcours d'un héros, le Solitaire, élu du peuple, promu à un grand avenir politique et religieux. Avant de réaliser sa destinée, il doit découvrir qui il est et se tourner vers le passé. La pièce se divise en deux parties d'inégales longueurs. La première (pp. 5-79) expose les étapes de la recherche identitaire du Solitaire conduit vers la maturité. Brusquement interrompu dans ses méditations par les bruits de la ville, le héros est amené à partir en quête des raisons de son bannissement. Il n'entend que les échos du monde en marche, les rumeurs qui l'appellent à reprendre place au sein de la communauté des hommes. Ces bruits multiples nous parviennent par la bouche de différents personnages et sont comme déformés. Le Solitaire ne sait à qui se fier. La seconde partie (pp. 79-89) rassemble la série d'arguments qui ont mené le Solitaire à accepter le pouvoir contre son gré. Il décide de relever le défi et de représenter Do, le dieu des tribus Bwa du Mali, pour lutter contre les discriminations dont il a été l'objet.

Le récit des origines
Tiecoro Sangaré introduit le récit du passé du Solitaire de manière insolite. C'est par un curieux usage de la mise en abyme que l'histoire des origines du héros nous est contée. La Mère nous donne à voir les images du passé comme à travers un miroir. Elle désigne à son fils un espace sur la scène où elle fait revivre le passé : le Père apparaît près d'un figuier sauvage tandis qu'on voit la Mère, plus jeune et encore vierge, vendant le lait Bogon aux habitants Dozos. Les paroles de la Mère font jaillir des images du passé sur la scène. Dans son récit s'enchâssent les paroles du Père et celle de l'Oncle convoqué aussi sur la scène par la Mère. C'est donc une nouvelle histoire jouée pour le fils qui est donnée à voir et à entendre aux spectateurs. Cette épopée amoureuse, inscrite au cœur du drame, constitue l'héritage du Solitaire, déchiré entre deux villages.

 
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Pistes de lecture

Exclusion et réintégration
Le Solitaire a souffert d'un bannissement honteux sans même en connaître les raisons. S'il accepte de faire face à son destin et de prendre en charge le sort des clans qui l'ont exclu, c'est pour combattre "l'ostracisme et l'injustice" (p. 87). L'ironie du sort veut que ceux qui l'ont exclu lui demandent de revenir. Il s'agit pour les villageois de relever celui qui est à terre pour lui vouer un culte en le faisant dieu et en détrônant celui qui l'a accablé. Le Solitaire n'est-il pas instrumentalisé par ceux qui veulent le rendre puissant ? Par sa Mère qui veut recouvrer la dignité en faisant de son fils un dieu ; par le Chercheur qui veut soutirer au Solitaire, non reconnu comme Bogon à part entière, les richesses de son peuple qui cherche lui-même à se débarrasser d'un mauvais chef. Le Solitaire apparaît comme l'élu car n'ayant pas d'origines (il n'est ni dogon, ni bozo), il est étrangement charismatique ; dans son rapport mystique à la nature, il est relié à la divinité. Ses origines obscures le sacralisent d'autant plus qu'il a tiré partie de sa solitude.

Traditions ancestrales et pillage occidental
Le personnage du Chercheur joue un rôle capital dans cette pièce : il incarne la présence occidentale sur les territoires africains, et donne un point de vue étranger sur le drame intime que vit le Solitaire et sur la question politique des conflits claniques qui déchirent l'Afrique. Ce personnage est d'emblée ambigu : il interrompt le dialogue du Faugon et du Solitaire et, avec son audace tranquille, se permet de poser des questions naïves et provocantes à chacun des personnages présents. Il n'hésite pas à s'imposer, à répondre aux agressions et aux insultes. Refusant le qualificatif de "touriste" et préférant celui de "chercheur", il entretient la curiosité du spectateur. Que cherche-t-il sur les falaises de Bandiagara ? Il s'intéresse en réalité au conflit politique qui oppose le Faugon au Solitaire à des fins personnelles. Fourbe et cupide, il tend un piège au Solitaire pour le forcer à devenir Faugon et espère en échange, pouvoir obtenir les masques sacrés du village bogon et surtout la pièce maîtresse, le masque mère jamais observé par un humain. Ignorant la valeur sacrée et spirituelle de ces objets de culte, il représente l'intrusion occidentale au sein des traditions et croyances ancestrales. Pour ce "détrousseur de mémoire", le sacré est une affaire d'argent.

Utopie politique
Le Solitaire deviendra finalement Faugon pour "dynamiser l'égocentrisme ethnique qui stérilise le sang". Il entend faire respecter la légitimité des lois et s'inscrit dans la tradition tout en la dépassant pour en préserver la justice et la bonté. Son combat contre les préjugés et l'exclusion vise à protéger et respecter l'homme qui vit dans la différence. Tiecoro Sangaré parle d'une Afrique qui voit son destin au-delà des querelles claniques, des lois coutumières qui figent la société. À travers ce conte moderne, il propose une réflexion sur le tournant majeur que vivent aujourd'hui les peuples du monde. Cette pièce est une fable qui illustre le dessein du poète solitaire qui guide les hommes vers le respect et la tolérance, vers le vivre-ensemble.

 
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De plain-pied dans le texte

LE SOLITAIRE : Le passé éclaire le chemin de l'avenir.

LA MÈRE : Parfois, le passé n'est pas facile à dire et à entendre. Le nôtre est jonché de douleurs et pavé de souffrances.

LE SOLITAIRE : Connaître ce passé me rendra mon humanité.

LA MÈRE : Tu connaîtras la vérité, celle cruelle comme un couperet. Je te dirai qui tu es, mon fils, mais apprête toi à aller jusqu'au bout de la haine.

LE SOLITAIRE : Je m'abreuverai à la source de tes paroles comme les racines en quête d'eau s'égarent dans les limons de la terre. Dis moi qui je suis et que je sorte de la solitude !

 
 
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Pour poursuivre le voyage


Du texte à la scène
Tiecoro Sangaré a écrit Le soupir des falaises dans le cadre de la résidence Sony Labou Tansi organisée par l'association Écritures Vagabondes et le Nouveau Théâtre d'Angers et Blonba de novembre à décembre 2001 à Bamako. Cette pièce a été lue à Cotonou pendant le festival international de théâtre du Bénin en mars 2002 au Nouveau Théâtre d'Angers et à l'Atelier du Plateau en mai 2002 dans le cadre de Retour de Bamako.

 
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Fiche réalisée par Léna Paugam, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA

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