LABORATOIRE
DE RECHERCHE

   Présentation SeFeA
   Activités
   Partenaires
   Membres
   Publications
   Projets et appels à communication


REPERTOIRE
CONTEMPORAIN

   par titre
   par auteur
   par pays
   par genre
   par thème
 
  Recherche
 
Recherche rapide
par mots-clés
  Recherche avancée
  Actualité théâtre
Tout le théâtre africain avec Africultures.com agenda, critique, festivals, articles...

  Présentation du site
  Documents et matériaux
  Bibliographie
  Contact

  Accueil
 
 


Fiche pièce
Effracteurs (Les)



L'AUTEUR
Pliya José



Evénements à suivre
L'agenda du moment autour de la personne/l'oeuvre

 

 
 
 
       
       
       
Effracteurs (Les)
Pliya José

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Nathalie Jouin, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA (en collaboration avec Stéphanie Bérard)


  Bénin
2004
L'avant-scène théâtre
 
Genre
Comédie dramatique

Nombre de personnages
1 femme
3 hommes


Longueur
15 tableaux
48 pages


Temps et lieux
Une nuit à l'intérieur d'une maison

Thèmes


Mots-clés
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
haut de page
 
 

Un premier repérage : La fable

Deux cambrioleurs, Léo et Nico, pénètrent de nuit dans une maison habitée par une famille dont le mari a commandité l'effraction. Ce dernier veut faire assassiner sa femme tombée amoureuse de son meilleur ami. Ils sont surpris par Bonie et Clive, faux cambrioleurs, qui jouent les propriétaires des lieux et invitent les vrais cambrioleurs à passer la soirée avec eux. Le frère et la sœur recréent ainsi illusoirement le foyer familial dont ils ont été privés durant leur enfance. Ils incluent dans leur jeu Nico et Léo qui deviennent, de manière forcée, leurs invités. La "farce à deux" devient "mascarade" et "pantalonnade à quatre" (aux dires de Nico) quand Bonie et Nico tombent éperdument amoureux l'un de l'autre et refusent de continuer à jouer la comédie. Léo prend alors les commandes du jeu et accule Clive à donner des précisions sur l'histoire des objets qui les entourent tout en suscitant sa jalousie envers sa sœur Bonie qui a failli à son rôle d'épouse modèle. Le jeu dérape eu fur et à mesure que les personnages perdent pied et ne distinguent plus le vrai du faux. La pièce s'achève dans un bain de sang avec quatre cadavres qu'on suppose être les propriétaires de la maison et Bonie et Clive tandis que Nico est arrêté et Léo en cavale. Une comptine sur les effracteurs chantée par deux enfants orphelins clôt la pièce.

 
haut de page
 
 

Parcours dramaturgiques

Un huis clos nocturne à reconstruire
L'action est concentrée dans un seul lieu, la maison, l'espace d'une nuit. Ce huis-clos s'inscrit dans une construction en boucle, avec l'évocation d'un plan prémédité au début, et à la fin, suivi d'un rapport de police. Cette reconstitution policière à dimension rétrospective, invite le lecteur-spectateur à remettre en place les pièces du puzzle pour comprendre l'intrigue. La répétition de la comptine qui ouvre et ferme la pièce renforce l'effet de circularité et de fermeture.

Duos et duels
Les quatre personnages fonctionnent par couple : le couple de cambrioleurs professionnels, Nico et Léo, déplace les objets de la maison et agit sur le matériel alors que le couple de "faux" cambrioleurs, Bonie et Clive, usurpateurs d'histoires, agit sur le spirituel et l'émotionnel : ils ne s'emparent pas des biens matériels mais des parfums, des souvenirs. Voleurs d'émotions, ils s'inventent une vie de famille parfaite qu'ils n'ont jamais connue dans cette maison où ils ont pénétré par effraction. Les deux couples volent en éclat et s'affrontent dans la violence des rapports de force et d'amour : tandis que Bonie et Nico tombent amoureux, Clive et Léo s'allient pour tuer la femme coupable d'adultère. Ce revirement a des conséquences tragiques des deux côtés, chez les nantis comme chez les démunis. José Pliya revisite les codes de la comédie bourgeoise : aux amants cachés dans les placards et à la frivolité des femmes, fait place la tragédie de la femme sacrifiée et assassinée.

 
haut de page
 
 

Pistes de lecture

Mythe et conte initiatique
Parmi les objets de la maison, se trouvent des livres sur des étagères, et notamment Prométhée enchaîné d'Eschyle. Dépendance, culpabilité et punition sacrificielle sont reliées à ce mythe, des thèmes présents dans la pièce tout comme ceux de l'initiation et de la connaissance. Tel Prométhée condamné pour avoir dérobé le feu, les personnages finiront par devoir payer leur effraction. Bonie et Clive, qui ont joué avec l'illusion en se glissant dans la vie des autres pour retrouver l'enfance perdue, seront condamnés à mort. Des deux cambrioleurs professionnels, c'est Léo qui dirige les opérations tandis que Nico laisse faire les choses. Suivant le rapport de police, le seul qui reste cependant en capacité de reporter les évènements est Nico. Ce dernier, avec sa double fonction de cambrioleur-poète, nous parle de l'écrivain au sein du monde qui a pour mission de restituer l'histoire. José Plyia, dans le tableau où Léo assassine Bonie, fait répéter avec insistance cette phrase au personnage de Nico : "On ne joue pas avec la vie des autres". Il rappelle ainsi combien le jeu de la simulation est dangereux et rend par là Bonie responsable de sa mort. Le théâtre devient un espace sacrificiel, lieu de rédemption peut-être et de libération.

Écriture alchimique : mélange des genres
"Mon travail, c'est une alchimie… un travail de musicien", déclare José Pliya après la création au théâtre du Rond-Point du Complexe de Thénardier.
L'écriture de José Pliya se situe dans un espace singulier, au carrefour du conte, de l'absurde, de l'intime, du vaudeville et du pirandellisme. Elle entremêle les images cinématographiques hollywoodiennes et le drame familial aux saveurs enfantines d'une comptine devenue ritournelle. Cette comptine ramène à l'enfance, celle blessée, brisée de Bonie et Clive qui passent leur temps à usurper l'identité des autres pour vivre les souvenirs et émotions qu'ils n'ont jamais connus dans leur enfance.

 
haut de page
 
 

De plain-pied dans le texte

Léo : Il est quelle heure ?

Nico : J'ai pas d'heure.

Léo : Les imbéciles ! Ils vont tout foutre en l'air

Nico : C'est dans le désordre des choses.

Léo : Tu ne comprends donc rien ! Il faut déguerpir au plus vite !

Nico : Et pourquoi ? Le mystère s'épaissit. C'est passionnant. Et puis ils me plaisent ces deux-là. Ils apportent un grain de folie dans notre routine.

Léo : Ils ne sont pas fous, ils sont stupides. Deux paumés qui jouent à voler la vie des autres. Pauvres imbéciles, s'ils savaient...

Nico : S'ils savaient quoi Léo ? Et moi, qu'est-ce que je ne sais pas ?
Léo : Il n'est plus temps de t'expliquer. Cherchons à nous libérer.

Nico : Et tu proposes ?

Léo : Je réfléchis...

Nico : Réfléchis donc mon ami, réfléchis...

Léo : Tu pourrais m'aider...

Nico : Le bon cambrioleur ne réfléchis pas trop.

Léo : Il faut jouer le jeu, marcher dans leur délire, nous sommes de vieux amis...

Nico : C'est vrai, je te connais depuis...

Léo : Pas toi et moi, nous et eux ! Nous nous sommes perdus de vue, ce sont les retrouvailles. Le but est de gagner leur confiance et pour ça, soyons conviviaux, posons des questions, beaucoup de questions.

(Tableau VI, p. 33)

 
 
haut de page
 
 

Pour poursuivre le voyage


Du texte à la scène
Le projet d'écriture des Effracteurs que l'auteur qualifie de "bouffonnerie criminelle" est né en 1996 lors d'un séjour dans un appartement qu'on lui avait prêté. "J'étais entré chez des gens que je ne connaissais pas, dans leur intimité, en présence d'objets divers et j'avais l'impression d'être entré par effraction dans l'intimité d'une famille et qu'au lieu de lui voler des objets de valeurs, je volais des émotions...".
La pièce a été créée par l'auteur en 2004 au Studio Théâtre de la Comédie-Française.
Elle a aussi été mise en scène en 2009 par Julien Dayeur et la compagnie Here and There.

Bibliographie
Sylvie Chalaye, "Trésor d'enfance", Préface des Effracteurs, L'Avant-scène théâtre, coll. des Quatre-vents, Paris, 2004, pp. 6-7.

Stéphanie Bérard, Le Théâtre-Monde de José Pliya, Paris, Éditions Honoré Champion, 2015.

 
haut de page
 
 
       
 

Fiche réalisée par Nathalie Jouin, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA (en collaboration avec Stéphanie Bérard)

  > Imprimer