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Fiche pièce
Indépendan-tristes (Les)



L'AUTEUR
Sassine Williams



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Indépendan-tristes (Les)
Sassine Williams

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Sylvie Chalaye


  Guinée
1998
Editions Le bruit des autres
 
Genre
Comédie satirique

Nombre de personnages
1 femme
5 hommes
1 enfant
(5 hommes, 1 femme et 1 gamine)

Longueur


Temps et lieux
une gare déaffectée pendant une guerre civile quelque part en Afrique

Thèmes
devenir politique de l'Afrique

Mots-clés
avenir , démocratie , gare , guerre , violence
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Une gare vide, sans rails, la nuit, en Afrique dans une ville en feu. Chaleur écrasante, moustiques obsédants. Et la guerre civile qui gronde au loin. Six personnages en transit, six voyageurs en partance pour nulle part qui attendent un train fantôme dans une salle des pas perdus où règnent morosité et désillusion. Un homme et une femme enceinte. Mais elle n'est pas la Vierge et l'enfant-sauveur n'arrivera pas, un fils d'empereur déchu, un saxophoniste qui sait imiter le bruit de la locomotive, et traîne son chien mort dans un sac, une petite vendeuse que son père a oublié de venir chercher et qui s'obstine à jouer à la marchande, un rebelle qui a attrapé le célèbre mercenaire Bob Renard, six personnages improbables qui choisissent de combler le vide et l'attente de l'ultime voyage en racontant chacun à leur tour l'histoire qui les hante.

 
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Parcours dramaturgiques

Sept personnages en quête d'auteur

Le statut du texte pose un problème majeur lié à son inachèvement même. Si la parole est bien celle de Williams Sassine, l'agencement de l'énonciation ne lui appartient pas. C'est à Jean-Claude Idée que l'on doit la structuration de cette parole. C'est pourquoi la pièce s'articule autour de deux parties très différentes. La première s'appuie sur une structure dramatique forte où sont campés de vrais personnages et correspond à la partie écrite et laissée inachevée par Williams Sassine, l'autre relèverait plutôt d'une espèce d'oratorio où se répondent des voix dans la nuit. Entre ces deux moments la mort a frappé.
Aussi tout le travail de Jean-Claude Idée n'a pas été d'inventer une suite, une intrigue qui pourrait être celle de cette pièce. Il n'a pas cherché reconstituer l'histoire singulière que voulait raconter Sassine. Il s'est agi plutôt d'un véritable travail d'exhumation, un travail d'archéologue qui fasse avant tout entendre la voix de Sassine et fasse renaître sa matière linguistique ; tout se passe un peu comme si tour à tour chacun de ses personnages était investi de sa parole, habité par son esprit, selon les principes d'une "transe dramatique", chacun des personnages devient médium d'une voix d'outre-tombe qui refuse l'anéantissement.
C'est la parole de Sassine que Jean-Claude Idée a voulu réincarner en faisant entendre des textes inédits et des passages de L'Afrique en morceaux, en puisant aussi dans les fables de "Tu Laura".

Passagers sans passage
La pièce ne repose sur aucune tension dramatique, puisque les personnages ne sont même pas dans l'attende d'un train. Ils se sont résignés et font semblant, comme s'il s'agissait de déjouer l'artifice théâtral en s'amusant à jouer précisément l'attente. Loin d'être l'espace de passage habituel qu'est un hall de gare, cette gare-là est un cul-de-sac. Ni accomplissement, ni devenir, aucune progression dramatique, aucune évolution. La structure de la pièce exprime l'impasse et s'appuie au contraire sur un empilement narratif de récits souvent ressassants Ni rencontre, ni surprise, ni transition, ni transformation ; la pièce fonctionne comme une spirale par enfoncements successifs qui préfigurent bien sûr la mort.
Les personnages n'ont pas d'avenir, mais traînent au contraire derrière eux "les casseroles" du passé, un chien mort dans un sac, un père empereur, un père missionnaire ou dictateur, l'enfant d'un amant japonais...


Echoués salle des pas perdus
Egarés dans la salle des pas perdus d'un hall de gare d'où aucun départ n'est possible, si ce n'est pour l'autre monde, les personnages se retrouvent dans une espèce d'antichambre de la mort, un huis-clos où le langage devient la seule échappatoire. Comme pour dompter la peur, chacun à son tour va prendre la parole, se laissant porter au gré de ses souvenirs, et c'est une série de voyages qui emportent le spectateur dans des univers inattendus et loufoques ; fables sans queue ni tête où s'accumule tout un bestiaire étonnant et nonsensique.
On pourrait parler d'une dramaturgie de la glossolalie, car la pièce n'avance que par accumulation de mots, par une espèce d'enfilage linguistique. D'où une structure plus poétique que dramatique.

 
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Pistes de lecture

Des mots pour sépulture

"Comment dénouer un noeud sans faire passer les deux bouts de la corde par le même trou ?"

Gare fantôme sans rails, sans destination, elle n'a plus de sens, elle s'est changée en mur des lamentations, elle est devenue la tombe où s'achève toute fuite en avant. Les personnages sont venus s'y ensevelir sous une avalanche de déplorations, de bons mots, de formules vaines, d'aphorismes pseudo-moraux, d'envolées lyriques... Et c'est bien un enterrement que met en scène la pièce. L'enterrement de ce nouveau départ qui avait été rêvé pour l'Afrique, l'enterrement d'une génération sacrifiée qui n'a plus aucune perspective d'avenir et dont l'illusion est devenue le seul refuge.
C'est une certaine idée de l'Afrique qu'ils enterrent avec des mots, cérémonie ferroviaire, cérémonie funéraire.


Vers d'autres salades africaines

"Tout être est plus grand que sa mort. Moi je ne mourrai pas. Quel nouveau saladier nous prépare l'avenir ?"

Mais l'Afrique ne meurt pas. L'Afrique à venir, l'Afrique qui survivra se dresse à la fin de la pièce dans la figure de la femme métisse, enceinte d'un Chinois et qui synthétise toutes les races.

 
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De plain-pied dans le texte

ALBINOS. On devrait pourtant nous attendre. Mais seuls les moustiques sont au rendez-vous. Tu m'entends ? Pardon ! réveille-toi !

 
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  Du texte à la scène…

La pièce a été créée lors du 16e Festival International des Francophonies de Limoges, par la compagnie des 7 Koûss (Sénégal). Mise en scène et scénographie : Jean-Claude Idée, assisté de Nathalie Raimé et Makhatar N’Diaye ; avec Abdel Kader Diarra, Dariétou Kéïta, Abdoulaye Diakhaté, Moustapha Diop, Joséphine Mboup, Momar Diara Thioune, Robert Dubois.

 
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Pour poursuivre le voyage


- CHALAYE Sylvie, "Sept personnages en quête d'auteur", entretien avec Jean-Claude Idée, in Africultures, n° 22, novembre 1999, pp. 89-91.
- CHEVRIER, Jacques, Williams Sassine, écrivain de la marginalité, Editions du GREF, 1996.
- MONGO-MBOUSSA Boniface, "Saint-Sassine : de la marginalité à Limoges", in Africultures, n° 10, septembre 1998, pp. 53-55.

 
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Fiche réalisée par Sylvie Chalaye

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