Un premier repérage : La fable

Curieuse histoire que cette histoire de D'chimbo, racontée par le dramaturge guyanais Elie Stéphenson. Elle révèle une société guyanaise enfoncée dans les préjugés raciaux projetant sur l'Africain toutes les frayeurs, toutes les tares, tous les crimes, toutes les perversions. D'chimbo, vole, viole, assassine femmes et enfants, perd au jeu, s'enivre... C'est une bête de sexe, jamais rassasié, un gorille brutal qui enlève la belle Eléna pour assouvir ses instincts lubriques. Avec La dernière surprise de l'amour, on est bien loin des surpises amoureuses du marivaudage !

Parcours dramaturgiques

La pièce repose sur une approche narrative très manichéenne qui fait de D'chimbo le monstre des contes de fées. D'chimbo n'a aucune complexité : brutal, rustre, gouverné par ses instincts... Il est la bête. On n'a donc d'autre alternative que de croire qu'il est effectivement coupable de tous les crimes dont on l'accuse. Eléna joue la belle, tendre et fragile, mais incapable de resister à la pression de la société. Elle aurait pu aimer D'chimbo, mais elle renonce et cause sa perte.
La structure dramaturgique est finalement très classique.

Pistes de lecture

Stéphenson met en scène les paradoxes d'un peuple psychosé qui n'est pas parvenu à accepter son africanité, tant l'aliénation imposée par l'esclavage a laissé des marques profondes. En éternelle représentation, il joue à être ce qu'il n'est pas et invente une espèce de Godzila qui cristallise toute cette bestialité qui servait à justifier l'esclavage, un monstre qu'il faut tuer pour se rapprocher des maîtres et anéantir ses origines prétendues avilissantes. Finalement, s'il leur faut la tête de D'chimbo, c'est que son corps noueux et rude leur rappelle une identité historique à laquelle ils ont renoncé.

Jouant sur la problématisation de l’être et du paraître, Odile Pedro Léal a exploité pour sa mise en scène toutes les possibilités du travestissement et du carnaval.