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Fiche pièce
Jusqu'à nouvel avis



L'AUTEUR
Oyono Mbia Guillaume



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Jusqu'à nouvel avis
Oyono Mbia Guillaume

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Paule Mireille NGO MBAI


  Cameroun
1967
Editions Clé, Yaoundé, 1977
 
Genre
Comédie

Nombre de personnages
2 femmes
6 hommes
3 enfants


Longueur
1 acte
48 pages


Temps et lieux
Aujourd'hui en Afrique

Thèmes
Vie européenne et respect des traditions

Mots-clés
mariage , tradition , village
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Jusqu'à nouvel avis est une comédie satirique en un acte qui, comme Trois prétendants…un mari, se passe au village de Mvoutessi où la famille de Abessolo attend la visite de leur fille, Matalina et son mari. Le couple qui rentre récemment de la France vit à Yaoundé où Mezoé, le frère de Matalina, leur a déjà rendu visite et vécu l'expérience de la luxure et de l'opulence dans lesquelles il vit. C'est ce dernier qui informe les villageois crédules de Mvoutesssi que le mari de Matalina qui est médecin voudrait travailler en brousse, et serait en outre nommé secrétaire d'Etat, travail qu'il n'apprécie pas trop, mais lequel le mettrait au-dessus de tous les autres fonctionnaires. La famille y voit une opportunité et pense aux avantages qu'elle tirerait de ce poste si leur gendre est nommé. Finalement, c'est le chauffeur et son compagnon qui arrivent en voiture annoncer aux villageois que Matalina et son mari ne pourraient venir jusqu'à nouvel avis parce que leur gendre a enfin accepté le poste de secrétaire d'Etat. Loin d'être déçus par ce changement de programme, ceci est plutôt une charmante nouvelle pour les villageois qui immédiatement, commencent à faire des projets pour déserter le village et s'installer quelques temps à Yaoundé avec le couple pour manger de la nourriture civilisée, des vitamines avec sept fourchettes comme le leur a dit Mezoé.

 
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Parcours dramaturgiques

L'originalité de la pièce se voit dans sa structure, une pièce en une longue séquence et au niveau de la distribution des rôles en début : le couple qui est au centre de l'action ne figure pas dans la liste des personnages. La pièce fonctionne dans l'ensemble sur le non-dit et l'imprécision. Les parents ont reçu une lettre qui leur annonçait la visite du couple au village : si le jour de leur arrivée est la date "d'aujourd'hui", c'est- à - dire le présent de la scène, néanmoins l'heure n'est pas indiquée. La famille ignore tout de leur gendre, en aucun moment dans la pièce, son nom n'est indiqué. Elle se fixe sur Mezoé dont les explications ne satisfont pas les villageois.
La date du retour du couple au pays natal est indiquée par une expression locale métaphorique : "trois lunes", qui exprime la durée. Pour Abessolo, le père de Matalina, cette attente est très longue. Trois mois que le couple est revenu et Matalina n'a pas songé à dire à son mari d'aller leur rendre visite, c'est une chose inadmissible et impensable pour ce dernier. Il se dégage donc un quiproquo entre les villageois et le couple, car en envoyant leur chauffeur et son compagnon au village, Matalina et son mari ont instauré un nouveau mode de vie et une nouvelle ligne de conduite que les villageois ne comprennent pas, malgré leur obstination à dire que tout a changé.
La pièce semble ainsi ne pas avoir commencé, le spectateur se trouve confus et reste sur sa soif car ni le début, ni la fin de la pièce ne sont identifiables.

 
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Pistes de lecture

Le déracinement : Jusqu'à nouvel avis pose en filigrane le problème du choc des cultures et de ses conséquences. En effet, dans la plupart des cas, les jeunes exilés qui retournent au pays, rejettent en bloc les traditions et la manière de faire, transformés par la culture de l'autre. C'est le cas de ce jeune couple, qui vit désormais à l'européenne et dont Mezoé raconte la vie dans la pièce. La simple visite aux parents est désormais hypothétique, chose qui devrait pourtant aller de soi comme le veut la coutume.

Le parasitisme : on peut également lire la question du parasitisme familial que soulève la pièce, à travers ce projet de tout un village de rendre visite au couple en ville.

 
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De plain-pied dans le texte

Mezoé Tout est prêt, Na' Cécilia ?

Cécilia (Qui ramassait les assiettes vides). Tout sera bientôt prêt. Ta sœur Ada va justement préparer les plantains.

Mezoé (Scandalisé) Quoi, des plantains ? Vous allez préparer des plantains pour le docteur ?

Cécilia (Surprise) Et pourquoi pas ? Est-ce que les plantains lui sont tabous ?

Mezoé (Simplement) Les grands hommes ne mangent pas des plantains !

Cécilia (Ton tranchant) Tu ne l'as jamais dit !
(A Mezoé) Et qu'est-ce qu'ils mangent, tes grands hommes ?

Mezoé (Cherchant des yeux un siège) Euh…de grandes choses, évidemment ! Ils mangent de la nourriture civilisée.

Cécilia : (Prenant la calebasse vide) De la nourriture…quoi ?

Abessolo (Impatient) Donne-lui le temps d'expliquer ! Après tout, il n'y a que lui ici qui ait été en ville ! Il a passé deux semaines dans la maison de sa sœur !

Mezoé (S'asseyant) Je vais t'expliquer ce que c'est, ah Na'Cécilia ! Mais…
(Regardant surpris, les assiettes vides que Cécilia allait remporter)

Abessolo (Crie en direction de la cuisine) Ah Ada!… Ada!…Est-ce qu'Ada n'entend pas ma voix ?

Voix d'Ada (venant de la cuisine) Tita a a a ah !

Abessolo Ton frère est là ! Apporte-lui à manger !

Nkantefoe Nos oreilles se refroidissent, ah Mezoé !

Mezoé Patience, patience, Tita Nkantefoé !
(Cécilia va s'asseoir près d'Abessolo)
Voyez-vous, lorsque les gens me disent : "parle-nous de la maison de ta sœur !", je me demande toujours : "comment leur décrire tant de grandes choses,". Rien de ce que j'ai vu chez Matalina ne ressemble à ce que vous voyez ici. Croyez m'en ô mes pères : votre fille avait vraiment épousé un grand homme !

Tous (Avec fierté) Un grand homme !

Mezoé Matalina ne va jamais faire le marché avec un panier, comme les autres femmes. Elle ne va qu'aux grands magasins, là où on vend la nourriture civilisée qui vient du pays des blancs.

Cécilia Et pourquoi cela ?

Mezoé Pourquoi ? Mais… parce que ça coûte plus cher ! Elle va aussi là-bas pour chercher des vitamines.

Cécilia Chercher qui?

Mezoé Des vitamines ! Ces choses-là ne se trouvent que dans les aliments civilisés qu'on conserve dans des frigi… euh…dans ces armoires froides, très froides.

Méka Mais qu'est-ce qu'elles sont au juste, ces vit… euh ces choses-là ?

Mezoé (Un peu embarrassé) Euh… comment te l'expliquer, Tita Méka ? Tu ne comprendrais pas ! D'ailleurs, maintenant que j'y pense, Matalina disait que je ne comprendrais pas non plus !

Méka (Perplexe) Et c'est bon à manger çà ?
(Tout le monde éclate de rire. Ada entre, apportant à manger à Mezoé)…

Mezoé (Posant les deux assiettes par terre devant lui)
Comme je le disais donc, on ne mange pas avec les mains chez Matalina à Yaoundé. Les convives restent assis à leur place, avec plusieurs petits morceaux d'étoffe blanche devant eux. Je me rappelle même avoir compté jusqu'à sept fourchettes posées à côté de mon assiette…

Tous (Ahuris) Que dis-tu là ?

Mezoé Sept fourchettes ! Des grandes, des moyennes, des petites ! (pp. 17-19).

 
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  Du texte à la scène…

Oyono Mbia signale dans la préface que la pièce avait été spécialement écrite pour la radio. C’est dans sa version anglaise que les auditeurs africains l’ont entendue pour la première fois sur les ondes des Services Extérieurs de la B.B.C.. Ambroise Mbia, l’ami du dramaturge, qui en avait lu et monté la version radiophonique française, lui recommanda d’écrire une adaptation pour la scène afin d’aider les troupes de théâtre qui s’y intéressaient. Cette première édition en français comporte donc les adaptations réalisées après plusieurs représentations en Grande Bretagne et, notamment au Festival d’Edimbourg en 1967. Les premières représentations sur scène de la version française de la ,pièce ont été données en septembre 1967 au Centre Fédéral Linguistique et Culturel de Yaoundé par la troupe, d’Essai du Ministère de l’Education, de la Jeunesse et de la Culture.

 
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Pour poursuivre le voyage


Répondant aux questions que lui ont posé les gens au sujet de la pièce, Oyono Mbia dit : "Bien des gens m'ont demandé ce que voulait dire la pièce Jusqu'à nouvel avis , et je leur ai répondu qu'elle voulait dire ce qu'elle disait. Tous les spectateurs du monde s'en retournent toujours chez eux, après avoir vu une pièce de théâtre, avec mille interprétations différentes. Je ne vois pas pourquoi les spectateurs de Jusqu'à nouvel avis devraient en constituer l'exception qui confirme cette règle".
Le dramaturge semble ainsi invité chaque lecteur de cette pièce à être un critique.

 
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Fiche réalisée par Paule Mireille NGO MBAI

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