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Fiche pièce
Danse du Pharaon (La)



L'AUTEUR
Zang Marcel



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Danse du Pharaon (La)
Zang Marcel

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Alice Désarmaux (IET de Paris III)


  Cameroun
2004
Actes Sud-Papiers, Arles, 2004
 
Genre
Drame

Nombre de personnages
3 femmes
5 hommes
Des figurants et un chien

Longueur
5 actes
72 pages


Temps et lieux
En région parisienne, dans les différents camps de Bukenwitz avec un espace-temps différent à chaque acte.

Thèmes
Impuissance et paradoxe de toute quête identitaire

Mots-clés
enfermement , exil , identité , mémoire , prison , pureté , violence
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Dans une même cellule de prison, deux amis confrontent leurs opinions et leur manière de voir les choses : l'un veut rester enfermé car c'est par ce moyen qu'il trouve sa dignité, ses repères et sa liberté alors que l'autre va sortir, et s'intégrer dans l'actualité. Il s'agit d'une histoire de construction de leur identité propre : Georges est tourné sur lui-même, sur son dedans et considère la réappropriation du passé comme la condition nécessaire à son épanouissement ; Max est intéressé par le dehors et préfère s'insérer dans le monde présent pour "avancer avec les autres" dans leur folle course, peut-être dans le but de mieux oublier un passé traumatisant. Or, dans ce monde, tout est enfermement : la ville de Bukenwitz est divisée en différents camps correspondant à des activités différentes. A sa sortie, Max reprend sa vie là où il l'avait laissée mais se retrouve vite confronté à la dure réalité quotidienne ; nous assistons en effet à un retour de plus en plus pénible dans ses lieux habituels, auprès de ses anciennes connaissances, et notamment auprès de sa petite amie. Max et Georges poursuivent ainsi leur chemin chacun de leur côté et finalement, par leur opposition et leur complémentarité, parviennent à s'interroger face au monde et à rencontrer leur intériorité, en quête de leur salut.

 
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Parcours dramaturgiques

Une renaissance
S'adressant directement au spectateur, comme une annonce de la construction de la pièce, Georges dit à Max : "Le premier chant est le plus long, le plus difficile ; les trois autres sont plus faciles ; et au cinquième temps le jour se lève et arrive le soleil tout-puissant qui nous permet de renaître. Ainsi à toute chose il faut cinq temps pour y arriver." (p 32) En effet, la pièce comporte cinq actes qui correspondent à cette définition. Le premier acte insère le lecteur dans la réflexion entre Max et Georges, les trois suivants sont plus courts et s'apparentent plus à des actions parlées qu'à des dialogues spirituels, le cinquième permet de retrouver les deux protagonistes après le chemin qu'il ont parcouru chacun de son côté. Au départ contradictoires, leurs réflexions parviennent à se mélanger, à se compléter pour déboucher finalement sur une renaissance, un nouveau départ non seulement des deux personnages, mais aussi du spectateur, qui repart changé par ce qu'il a vu et entendu ici.

Des huis clos
L'enfermement est présent partout dans la pièce. L'histoire se situe à Bukenwitz, un espace séparé en différents camps par des fils de fer barbelés. Dans le camp zéro, une prison dans laquelle se trouve une cellule où sont Max et Georges. Il faut donc au minimum franchir trois murs pour atteindre les personnages. De même, chaque scène a lieu dans un intérieur différent (le bar tabac, le bureau du garage, le bar), ce qui confère à leurs conversations un caractère intimiste, secret, de huis clos. Pour confirmer la règle, l'Acte 4 se déroule à la terrasse d'un café, mais il s'agit d'une conversation privée entre Max et Kath. En plus de cette perception spatiale, le texte se construit par des dialogues entre deux personnages, ce qui contribue à cette dimension confidentielle.

Des personnages curieux
A plusieurs reprises, on croise des personnages en longues robes blanches et portant des lunettes noires. Selon l'auteur, "ce sont des espèces de missionnaires, porteurs d'une vérité, d'un savoir, une émanation de la civilisation blanche, symbole des fondements de la culture judéo-chrétienne. Quant aux lunettes noires, elles ont plusieurs sens. Derrière des lunettes noires, on voit sans être vu, mais on est vu tout de même. Ces personnages s'aveuglent eux-mêmes, mais ils aveuglent aussi les autres." (Sylvie Chalaye, Le syndrome Frankenstein, entretien avec Marcel Zang, éd. Théâtrales, 2004, p. 62.) La Bible tient par ailleurs une importance particulière : elle est omniprésente et lue de tous les personnages-figurants. Tout cela tient encore ici de l'enfermement par une culture qui n'appartient pas à Georges et Max. Dans le dernier acte, la Bible n'existe plus : cela signifie peut-être que les deux amis sont parvenus à se libérer…
Notons également la figure du Travesti "indien" et de la Voix. Ce personnage dédoublé peut être considéré comme un chœur car c'est lui qui dit les poèmes en guise de conclusion ou de commentaires. Il est intéressant de constater aussi qu'il s'agit d'un indien et qu'il affirme "Je suis le rythme, le mouvement, je suis la vie, je suis le péché et le mélange" (p78), convoquant une dimension spirituelle, éternelle.

 
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Pistes de lecture

Enfermé dehors
L'univers spatial des camps met en lumière une perception de la société, dans laquelle même si l'homme n'est pas captif dans un intérieur, il se retrouve enfermé dehors et ne peut qu'être déporté d'un camp à l'autre. C'est une question fondamentale que Zang veut poser, qui s'applique à l'homme en exil qui se sent enfermé hors de sa structure identitaire, hors de sa langue, hors de sa cellule culturelle et familiale. Pour Max, on ne peut pas sortir de cet état des choses et il émet l'éventualité que la liberté réside dans "choisir de quoi on veut être l'esclave." (p33)

Une confrontation nécessaire
Georges et Max reflètent deux idées contradictoires : le dedans et le dehors, l'identité et la différence qui sont tout deux nécessaires et forment les deux facettes d'une même personne. C'est ce qu'exprime par le titre ; La danse du pharaon allie deux notions à priori inconciliables, le mouvement et l'inertie.
En réalité, il n'y a pas à choisir entre réappropriation du passé et repli sur soi ou insertion dans le présent et rencontre avec l'autre, c'est le mouvement de va-et-vient entre les deux qui permet de construire son identité. D'ailleurs, on voit à la fin de la pièce que les deux se mélangent car Georges fait un pas vers le dehors ("en déportation", il ne cesse de vouloir bouger, par exemple aller danser, voir le film de Max…) et Max fait un pas vers son intériorité (il désire parler de son père, se réapproprier son passé).

S'identifier
Pour trouver son identité, en effet, il faut comprendre sa différence. Ainsi Georges oppose le passé réel et le passé écrit, trafiqué par les Blancs pour le simple désir de puissance. Selon le prisonnier, le Noir était auparavant le père du Blanc à qui il avait appris la connaissance (qu'on se souvienne de la civilisation égyptienne), mais jaloux, le Blanc décida d'écraser le Noir pour prendre sa place auprès du monde, sa mère.
D'autre part, l'homme noir doit correspondre au discours dominant qui le perçoit comme une altérité et sans cesse revendiquer sa différence pour mieux s'identifier. Ainsi dans le dialogue entre Max et Monsieur Claude, le protagoniste fait-il semblant de seulement arriver en France et de parle-t-il comme s'il vivait dans un monde archaïque. Comme il l'a dit précédemment, il "tire parti de toutes les situations, au lieu de se cogner la tête contre les murs." (p30), il s'insère plutôt que s'enfermer dans son intériorité.
Il s'agit de trouver son identité d'homme noir, mais de manière beaucoup plus large, de trouver son identité en tant qu'humain. Dans sa rupture avec Kath dans la scène 2 de l'acte 4, tout se mélange dans l'esprit de Max : Kath le quitte car elle dit qu'il n'est pas un homme. En plus de ses difficultés à trouver sa place d'homme noir dans un monde blanc, il se questionne sur sa place d'homme face à la femme, mais en définitive, il se trouve ébranlé par une question qui touche à l'humanité toute entière : la difficulté d'exister.

 
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De plain-pied dans le texte

.MAX. Je ne sais pas si c'est vraiment un Blanc. Il dit en tout cas que "la liberté est dans la remontée aux sources".

GEORGES (il hausse les épaules). Je m'attendais à autre chose. Le pire c'est que c'est un truc que je me tue à te répéter depuis longtemps, mais t'as jamais voulu l'admettre. Et quand je te dis que c'est ici que je me sens libre, avec mes sources, avec mes racines, tu comprends pas ça.

MAX. Qui te dit que je ne comprends pas ? Le tout c'est que t'as ta façon de voir, moi j'ai la mienne. Tu préfères être dedans, moi je préfère être dehors, où est le problème ? Cela n'empêche pas que je comprends tout ce que tu me sors concernant le respect, la dignité et toutes ces petites humiliations qu'on peut subir à Bukenwitz.
GEORGES. Max, y a pas de petites humiliations ! Une humiliation c'est une humiliation, tu peux pas portionner ça ou faire des étages avec. Petites humiliations, grandes humiliations… Ah non ! si c'est ça t'as rien compris, t'as pas ressenti. Ce que tu peux subir à Bukenwitz aujourd'hui n'est pas moins humiliant que ce que d'autres ont subi ailleurs en d'autres temps. Max, parle pas de petites humiliations.

MAX. Tu t'enflammes pour rien. J'essaie de te faire comprendre que ces humiliations je les ai vécues comme toi, comme la plupart des Noirs, mais que chacun y réagit suivant sa personnalité, et pas nécessairement en s'enfermant en prison, car c'est aussi une manière se ne pas vouloir voir, de devenir insensible, et même lâche. (Georges a un mouvement d'impatience.) Attends, laisse-moi finir.

GEORGES. Parce que tu crois qu'en s'enfermant dehors c'est pas la prison ?

(Marcel Zang, La Danse du Pharaon, Actes Sud-Papiers, Arles, 2004, p.19)

 
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  Du texte à la scène…

Une lecture-spectacle a eu lieu le 5 juillet 2005 au Théâtre du Vieux-Colombier à l’occasion d’« Ecritures d’Afrique », une semaine consacrée aux auteurs contemporains africains à la Comédie-Française avec sept comédiens et trois musiciens africains dirigés par Camille Adébah Amouro (Bénin) : Kangni Alem, Naky Sy Savané, Carole Lokossou, Aminata Dao, Segun Olabissi, Isidore Dokpa, Jones Abiola Olosunde, Athanase Kabré, Blanche Ouédraogo, King Mensa. - Mise en scène à Nantes de Peter Léma.

 
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Pour poursuivre le voyage


Par-delà le blanc et le noir, par Marcel Zang publié le 16/03/2005, n°61, Rebonds, site Africultures.
-Le syndrome Frankenstein, par Sylvie Chalaye, Ecrire pour sauter le pas, entretien avec Marcel Zang, page 60 à 65, éd. Théâtrales, 2004.

 
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Fiche réalisée par Alice Désarmaux (IET de Paris III)

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